Le durcissement des conditions d’utilisation du S-métolachlore n’auront pas suffi. L’Anses prévoit de l’interdire : un coup dur pour les maïsiculteurs, dans un contexte où les solutions de désherbage sont de moins en moins nombreuses.
Le 15 février 2023, l’Anses annonçait son souhait d’engager la procédure de retrait du S-métolachlore. Et ce, afin de préserver la qualité des ressources en eau. Déjà, fin 2021, les conditions d’emploi de cet herbicide avaient été modifiées en grandes cultures. Mais pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation et de l’environnement, cela ne suffit pas. Rappelons aussi que le S-métolachore est actuellement en cours d’instruction au niveau européen dans le cadre du renouvellement de son approbation. Un chevauchement de calendrier qui a fait réagir Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture. Il ne souhaite pas que la France aille plus vite que l’Europe car selon lui, le bon niveau, c’est le niveau européen. « Il y a donc lieu de coordonner les calendriers des décisions européennes et françaises », a-t-il rappelé. Une demande qu’il a adressée au directeur de l’Anses.
Sur le terrain, ce possible retrait rebat fortement les cartes du marché des herbicides maïs. Fournisseurs et agriculteurs en sont conscients : la réduction de la palette de solutions, à moyen terme, n’est une bonne nouvelle ni d’un point de vue technico-économique, ni d’un point de vue environnemental. En effet, un usage plus fréquent des herbicides restants pourrait créer des problèmes de résistance. Des itinéraires techniques sans S-métolachlore, et aussi efficaces, sont envisageables mais coûteraient plus chers et demandent davantage de passages. Le retrait de cette solution, majeure en production de maïs doux et maïs semences, pourrait avoir un impact fort sur ces filières en France.
Parmi les pistes testées, notamment chez Arvalis, la prophylaxie, l’évolution des pratiques agronomiques, les traitements de prélevés appliqués sur le rang associés à du désherbage mécanique... autant de leviers intéressants mais souvent, insuffisants. Autre sujet de vigilance : le risque, pour les solutions restantes, de faire l’objet d’une vigilance accrue sur la qualité de l’eau. En effet, plus les solutions se raréfient et plus les usages risquent de se concentrer sur quelques molécules, augmentant d’autant la probabilité de les détecter plus fréquemment dans le milieu aquatique.