Au-delà du contexte réglementaire, couvrir les sols durant l’interculture présente différents atouts, que l’on soit en conventionnel ou en agriculture de conservation des sols. Bien choisis et bien implantés, ces couverts affichent non seulement un intérêt agronomique et écologique, mais aussi économique en limitant les apports d’engrais minéraux dans le maïs suivant.
Les atouts agronomiques et environnementaux des couverts végétaux ne sont plus à démontrer. Amélioration de la structure du sol, lutte contre le lessivage et l’érosion, apport de matières organiques, stockage accru de carbone, protection de la biodiversité... Ces cultures agissent aussi sur la fertilité physique, biologique et chimique des sols. Comment ? En rendant disponible à la culture suivante une partie des éléments nutritifs capitalisés.
Le tout est de savoir combien. Pour affiner vos données, n’hésitez pas à recourir à MERCI, la Méthode d’Estimation des Restitutions par les Cultures Intermédiaires. Cette plateforme (https://methode-merci.fr/), développée par la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, permet, via notamment une simulation de la date de destruction du couvert, d’estimer les quantités et la cinétique de restitution en éléments N, P et K à la culture suivante.
Pour plus de sécurité et tenir compte du climat, Pioneer table sur les chiffres de Frédéric Thomas, le spécialiste des TCS, qui évoque une restitution moyenne de 25 % de l’azote stocké par les couverts végétaux. Ce chiffre monte à 50 % pour le phosphore et pour la potasse. Des valeurs qui montrent tout l’intérêt économique de ces couverts. Car au vu du prix actuel des engrais, c’est autant d’unités à ne pas apporter sur la culture du maïs.
Pour profiter de tout le potentiel de ces couverts végétaux, il est capital de les implanter dans de bonnes conditions. Premier impératif : semer tôt ! On estime qu’une semaine de retard de semis, c’est entre 0,5 et 1 tonne de matière sèche en moins par hectare. Les conditions d’implantation aussi ont leur importance. Évitez si possible les périodes de sécheresse ! Pour bénéficier du boom de croissance des légumineuses, observé en général en fin d’hiver/début du printemps, il faut pouvoir laisser le couvert en place au moins jusqu’au 15 mars. Cette stratégie leur permettra de stocker davantage de carbone, d’azote et d’éléments nutritifs pour les cultures suivantes. La destruction peut être poussée jusqu’au semis du maïs à condition de disposer d’un profil humide ou de l’irrigation comme forme d’assurance.
La date de destruction doit, aussi, être ajustée en fonction du type de couvert et des conditions climatiques. Un couvert consomme, en moyenne, entre 30 et 40 mm d’eau par tonne de matière sèche et par hectare. Pour ne pas pénaliser l’implantation du maïs, la destruction du couvert doit intervenir en moyenne quatre semaines avant le semis du maïs si des conditions sèches sont attendues Attention ! Les graminées, présentes dans le mélange, peuvent participer à l’assèchement du sol au printemps. Dans ce cas, mieux vaut anticiper la destruction. Le mode de destruction dépend quant à lui de votre stratégie : broyage, déchaumage, roulage, voie chimique... Les éleveurs pourront quant à eux récolter ce couvert ou le faire pâturer.
La présence de couverts végétaux bien développés en interculture, ou détruits tardivement, nécessite d’adapter la gestion de la fertilisation du maïs suivant. Le conseil est d’appliquer un engrais starter complet au moment du semis, soit une base de 20 à 30 kg d’azote par hectare. L’apport d’un azote soufré, en localisé, à proximité du rang au stade 2 feuilles est également conseillé. Les unités restituées par le couvert seront déduites de la dose appliquée au stade 6/8 feuilles : plus le travail du sol sera réduit, plus cet apport devra être réalisé précocement.
Ne pas oublier que certains couverts sont très appétents pour les limaces, à l’image du colza, de la phacélie, du trèfle ou du seigle. Le risque pour la culture suivante est d’autant plus élevé que le travail du sol est simplifié. Le choix des espèces du mélange à implanter impactera la gestion du désherbage dans le maïs suivant. Un conseil ? Ne pas dépasser 20 % de graminées !