Précocité, élongation, phoma, orobanche, verse mais aussi, depuis peu, vigueur au départ et moindre sensibilité aux insectes… d’autres critères que le rendement sont à prendre en compte avant de retenir les variétés de colza que l’on sèmera cette année.
Pour choisir ses variétés de colza pour les semis 2020, au-delà de la productivité, d’autres critères méritent d’être regardés. La précocité, à floraison et à maturité, est l’un d’entre eux. « Il faut éviter les variétés trop précoces à floraison dans les secteurs gélifs au printemps, indique Terres Inovia. À l’inverse, il est préférable d’éviter les variétés tardives dans les sols à faible réserve en eau en raison des risques de mauvais remplissage des graines, et dans le nord-ouest, afin de ne pas trop retarder la récolte. »
Le risque d’élongation est aussi à connaître pour se prémunir des dégâts liés au gel. Il est donc préférable de prendre en compte ce critère dans les régions à risque, en cas de semis précoce et de sols avec des disponibilités élevées en azote.
« Il y a vingt ans, dans le choix des variétés, on s’intéressait surtout au rendement et au phoma, reconnaît Julien Charbonnaud, ingénieur développement Centre Val-de-Loire à Terres Inovia. Il y a dix à quinze ans, on regardait aussi de près l’élongation. Depuis, on parle moins du phoma mais on voit apparaître de nouveaux critères. Nous nous intéressons par exemple, depuis quelques années, à la vigueur au départ, pour prendre de cours les insectes après le semis, et à la croissance à l’automne, avec des colzas qui poussent tout le temps. » Les essais que l’institut technique a conduits sur le sujet, depuis trois ans, montrent qu’il existe des différences entre variétés, vis-à-vis de ces deux critères.
« Le levier vigueur au départ, de la levée au stade trois-quatre feuilles, ne fait pas tout, bien sûr, car la fertilisation azotée joue également, mais il peut être intéressant contre les morsures d’altises, souligne Arnaud Van Boxsom, responsable variétés à Terres Inovia. Vis-à-vis de la vigueur automnale, il existe aussi des différences significatives entre variétés et plus importantes que pour la vigueur au départ. » Il a également tenté de voir si la variété pouvait jouer face aux attaques de grosses altises et de charançon du bourgeon terminal ainsi que sur la présence de larves en sortie d’hiver. Là encore, il a noté des effets variétaux significatifs, notamment sur le taux de larves en sortie d’hiver, avec 5,2 larves en moyenne par pied pour les variétés les plus sensibles contre 3,2 en moyenne pour les moins sensibles, dans les essais où des larves étaient présentes. Il a aussi observé des différences sur les symptômes de plantes déformées, mais surtout sur ceux de plantes à port buissonnant.
Dans les régions concernées, la résistance à l’orobanche rameuse peut aussi être prise en compte ces dernières années, dans le choix des variétés de colza. « A ce jour, il n’existe pas de résistance variétale totale vis-à-vis de l’orobanche, précise Terres Inovia. En revanche, le screening mené par l’institut met en évidence des différences de comportement. » Les essais conduits en Poitou-Charentes et Vendée ont montré qu’un certain nombre de variétés commercialisées bénéficiaient d’un bon comportement face à ce parasite, dont une dizaine dans les essais 2020. La liste est disponible sur le site internet de l’institut.
À chaque région, ses problématiques. Comme le souligne Terres Inovia, la prise en compte du contexte climatique et sanitaire local est capitale pour profiter au mieux du progrès génétique.