Les chercheurs ont démontré le rôle déterminant des gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique. Ils ont aussi montré pourquoi les plantes y sont plus sensibles que les animaux et les hommes. Explications.
Selon le dernier rapport du Giec*, les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines ont élevé les températures d’environ + 1,1 °C depuis la période 1850-1900 et le réchauffement est en train de s’accélérer. Le groupe d’experts estime que la température moyenne à l’échelle de la planète, sur les 20 prochaines années, devrait atteindre ou franchir le seuil de + 1,5 °C. Ce qui signifie qu’elle va augmenter davantage dans les 20 ans à venir, que lors des 150 dernières années !
D’après les simulations du climat qu’ils ont réalisées à partir de 1850, ils ont montré que l’évolution naturelle des températures liées aux rayonnements du soleil et aux éruptions volcaniques était loin d’être suffisante pour expliquer la hausse des températures effectivement observée depuis le milieu du XIXème siècle.
Leurs simulations qui tiennent compte du changement de la composition chimique de l’atmosphère à cause des émissions de gaz à effet de serre (CO2 ,…) (courbe marron) à partir de 1900, coïncident avec les températures effectivement observées (courbe noire). C’est la preuve du rôle déterminant des activités humaines sur le réchauffement climatique. Les concentrations actuelles de CO2 dans l’atmosphère n’ont d’ailleurs jamais été aussi élevées depuis 2 millions d’années.
« D’ici à 2050, le température moyenne en France va augmenter de + 2 à + 3°C selon les scenarii, explique Serge Zaka, chercheur en agro-climatologie chez ITK. Les extremums vont aussi être plus élevés, et on risque de connaître beaucoup plus fréquemment des températures supérieures à 40°C ». Ce qui ne sera pas sans conséquences pour les cultures. « Les végétaux ne sont pas des organismes thermorégulés, souligne le chercheur. Contrairement aux animaux et aux hommes, leur température interne n’oscille pas autour d’une même température, 37°C par exemple, lorsque les conditions météos changent ».
« Lorsqu’il gèle, l’eau passe de l’état liquide à l’état solide et provoque l’éclatement des cellules, précise Serge Zaka. De même lorsqu’il fait trop chaud, les cellules se déshydratent et éclatent. Et dans les deux cas, c’est la mort de la cellule ». Sans aller jusqu’à ces températures extrêmes, lorsque la température augmente au-delà de l’optimum, les molécules s’agitent au-delà de la normale, ce qui provoque une dénaturation des protéines et des enzymes responsables des réactions chimiques. La vitesse des réactions chimiques diminue et la croissance du végétal ralentit.
C’est ce qui explique les rendements en dents de scie déjà observés depuis quelques années en blé.
« Dans les années à venir, le blé va souffrir de la remontée des températures et du manque de pluies régulières, ajoute le chercheur. Ce phénomène va être en partie atténué car avec la remontée des températures en hiver et au printemps, il va accélérer son cycle végétatif et sera récolté plus tôt, avant d’être soumis aux températures excessives et à la chute de pluviométrie de l’été. C’est ce qu’on appelle la stratégie d’évitement ».
*Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, rapport publié en août 2021