Les tours de plaine de ces derniers jours sont sans appel. Les parcelles de céréales sont sales ! Manque de persistance des traitements réalisés à l’automne ou en sortie d’hiver, mauvais positionnement, impasse, résistance... les raisons sont multiples. L’enjeu est désormais de préparer la prochaine campagne en alliant leviers agronomiques, mécaniques et chimiques pour limiter la présence de graminées.
Depuis trois semaines, la visibilité des ray-grass et des vulpins ne cesse de croître dans les parcelles de céréales. « À cette période, il n’est pas rare de voir des graminées réapparaître, mais cette année, le salissement est réellement important dans la plupart des régions, constate Elsa Penguilly, spécialiste désherbage chez Corteva. Les facteurs peuvent être multiples mais dans les parcelles désherbées à l’automne ou en sortie d’hiver, c’est la persistance d’action des spécialités utilisées qui peut être mise en cause. Les fortes températures enregistrées à l’automne ont pu réduire la durée de vie des matières actives. »
Autre piste évoquée : les impasses, plus nombreuses en sortie d’hiver. Là encore, les raisons divergent selon les exploitations. Si certains agriculteurs ont délibérément fait l’économie de ce passage, pour d’autres, ce sont les conditions climatiques qui n’ont pas rendu possible les interventions de désherbage. Partout, force est de constater que les résistances aux herbicides progressent, quelle que soit la famille chimique utilisée.
La conséquence est là : le stock de semences de graminées augmente année après année et implique de se poser, dès à présent, la question de la stratégie à mettre en place pour les cultures suivantes. « Dans cette configuration, il ne faut pas hésiter à actionner tous les leviers à disposition : agronomiques, chimiques ou mécaniques », confirme Elsa Penguilly. L’intégration d’une culture de printemps peut être une option, tout comme la technique du faux semis pour éliminer une partie des ray-grass et vulpins, avant l’implantation de la prochaine culture. Le recours au désherbage mécanique permet également de limiter le recours aux herbicides. Il facilite ainsi l’alternance des matières actives de familles chimiques différentes au sein de la rotation. « L’enjeu est désormais d’optimiser chaque intervention pour positionner au mieux les produits encore disponibles et viser ainsi une efficacité maximale », conclut-elle.
À savoir
Une densité de 25 pieds de vulpin ou de ray-grass au m2 pénalise le rendement de 5 %.