En matière de fertilisation azotée, l’enjeu est d’apporter la bonne dose, au bon moment, en fonction des besoins de la plante. Encore faut-il, ensuite, que ces unités soient correctement valorisées. Pour optimiser l’efficience de chaque apport, différents leviers d’action existent : fractionnement de la dose, choix de la forme d’azote, pilotage en cours de campagne, recours à des biostimulants foliaires... Autant de solutions à adopter en fonction du contexte de l’année.
Ces derniers mois, le marché des engrais a connu une forte volatilité, jamais observée jusque-là. Les prix de certaines formulations ont pu être multipliés par trois ou quatre ! Un contexte qui renforce la nécessité de rentabiliser chaque unité épandue. Car selon le climat de l’année et le stade des cultures, la valorisation des apports azotés oscille entre 40 et 80 % sur céréales, soit entre 20 et 60 % des unités qui n’iront finalement pas immédiatement à la culture. Soit, pour un apport de 100 unités efficaces à 50 %, une perte économique pouvant aller jusqu’à 100 €/ha.
Cette année, alors que les conditions d’implantation des céréales ont été bonnes à l’automne et très poussantes au début de l’hiver, les reliquats azotés en sortie d’hiver s’avèrent très variables. Même si les pluies ont fait leur retour la deuxième semaine de mars, le manque d’eau persiste dans de nombreuses régions. Les unités d’azote apportées fin tallage n’ont peut-être pas toujours été valorisées. En moyenne, 15 mm de pluie dans les 15 jours à venir sont nécessaires pour faciliter l’absorption, ce qui a rarement été le cas cette année. Un paramètre à prendre en compte pour réajuster, si besoin, la dose du second apport selon la dose prévisionnelle calculée lors du bilan.
Pour optimiser la fertilisation, différents leviers d’action existent, à commencer par le fractionnement de la dose prévisionnelle. Celle-ci, calculée en tenant compte des objectifs de rendement visés et des reliquats azotés en sortie d’hiver, peut être scindée en plusieurs apports : souvent 3, parfois 2 ou 4. Le 2e apport peut par exemple être divisé en deux si les conditions sont sèches. Un 4e apport sera pertinent pour assurer le taux de protéines si toutes les unités prévues n’ont pas encore été épandues.
Pour ajuster le positionnement de ces différents apports, n’hésitez pas à recourir à des OAD, des outils d’aide à la décision. L’institut technique Arvalis conseille de privilégier les outils labellisés Prev’N par le Comifer, gage du respect des principes de la méthode du bilan. À ce jour, ils sont une vingtaine. La liste est disponible sur le site du Comifer. Pour piloter la dernière dose, vous pouvez également recourir à des OAD comme la pince N Tester pour mesurer, avec précision, la teneur en chlorophylle des plantes. Le recours aux images satellites permet de son côté, d’ajuster les apports au sein de la parcelle, via un GPS installé sur l’épandeur.
Quant au choix de la formulation, les essais montrent qu’en général, l’efficience de l’ammonitrate est plus importante que celle de l’urée et des solutions azotées si celles-ci sont appliquées sans stabilisateur d’azote ni enrobage. Si l’impact de la formulation semble assez faible sur le rendement du blé, l’ammonitrate s’avère en revanche plus efficace que l’urée pour gagner de la protéine. Concernant la solution azotée, elle semble en retrait sur les deux aspects : rendement et taux de protéines.
Le réglage de l’épandeur permet également d’ajuster et d’homogénéiser la répartition des engrais sur le rang et donc, d’apporter la dose au plus près de la plante et de ses besoins.
Pour aller chercher des unités supplémentaires au deuxième apport, la stratégie peut être de positionner un biostimulant foliaire, comme Utrisha N. Il constitue en effet un excellent relai des autres solutions fertilisantes, en particulier quand ces dernières sont moins efficaces du fait de la climatologie. La fixation d’azote se faisant directement dans le feuillage de la culture, il n’est soumis ni aux conditions de sol, ni au lessivage, ni à la volatilisation et permet ainsi d’ajuster les apports au plus près des besoins des plantes.