Cette année, face au manque de plants de pommes de terre pour certaines variétés, la solution peut être de diminuer la densité à l’hectare ou de recourir à des plants coupés. Explications.
La tension sur la disponibilité en plants de pommes de terre se confirme. Difficile de dire combien de tonnes il pourrait manquer mais ce qui est sûr, c’est que les causes sont multiples. « La première raison reste un manque de rentabilité de la production de plants, comparée à la production de pommes de terre dédiées au marché de la consommation, explique Damien Brasseur, responsable des ventes chez Corteva. L’écart de prix entre les deux n’est plus assez incitatif, alors que la production de plants reste plus contraignante. Nombreux sont les producteurs de plants à s’être désengagés auprès des collecteurs ces dernières années pour se tourner vers d’autres débouchés notamment le frais, plus rémunérateur. Dans un contexte où les surfaces de pommes de terre tendent à augmenter, le manque de plants s’avère donc inévitable. » Pour compenser une partie du manque, les collecteurs ont valorisé des lots déclassés mais cela ne suffit pas à combler la demande.
Face à ce constat, les agriculteurs ont deux options : diminuer la densité de plants par hectare ou couper les plants en deux, pour les gros calibres, supérieurs à 50 mm. « Pour la première option, les essais montrent qu’il est en effet possible de réduire jusqu’à 10 % le nombre de plants, en augmentant l’écart entre deux plants au moment de la plantation, sans affecter le rendement final du fait de la capacité des plantes à compenser, poursuit-il. Attention toutefois à ne pas trop espacer sous peine de complexifier la gestion du désherbage. »
L’autre alternative : la pratique du « plant coupé ». Celle-ci n’est toutefois pas sans risque, notamment d’un point de vue sanitaire. Aussi doit-elle se faire avec quelques précautions. Parmi elles, l’utilisation d’un matériel propre et désinfecté. Si possible, cette opération devra se faire par une journée ensoleillée, venteuse, avec peu d’hygrométrie pour faciliter la cicatrisation. Les tubercules doivent être sains et réchauffés à plus de 8°C. Et une fois coupés, ils doivent être plantés rapidement, si possible dans la journée, dans un sol ressuyé. À noter que des plants coupés, même issus d’un lot certifié, ne sont pas re-certifiables. Cette pratique reste risquée car le plant perd en vigueur et certaines variétés ne sont pas adaptées à cette technique.
Enfin, certains agriculteurs vont, par dépit, utiliser leurs propres récoltes pour compenser le manque de plants, notamment en gardant les plus petits calibres. Mais là aussi, cela nécessitera d’être vigilant car si la pomme de terre a reçu un antigerminatif pendant la phase de conservation, cette dernière aura perdu son pouvoir de germination.