Le colza est apprécié des apiculteurs parce qu’il fleurit tôt et apporte pollen et nectar aux abeilles à une époque où peu d’autres plantes sont en fleur. C’est pourquoi, les producteurs de miel voudraient voir ses surfaces se développer. Le colza fournit un miel fin, au goût subtil, sans amertume, ni acidité, qui a la particularité de cristalliser assez vite.
2021 n’a pas été une bonne année pour le miel. En cause, une météo particulièrement défavorable à la floraison, avec des températures très fraîches et des précipitations au printemps et pendant l’été, lorsque d’habitude le soleil est plus généreux. Ces conditions désastreuses ont poussé le Réseau Biodiversité pour les abeilles, à lancer un appel au gouvernement le 25 août 2021, pour soutenir la culture du colza. Selon l’Unaf, la récolte de miel s’est située entre 7 000 et 9 000 tonnes en 2021 en France, soit moins d’un tiers de celle de 2020 !
Pourquoi une telle demande ? « Parce que le colza joue un rôle majeur dans l’économie apicole, explique le Réseau Biodiversité pour les abeilles. La floraison du colza apporte aux abeilles du pollen et du nectar en début de saison et permet aux colonies de se développer pour être ensuite parfaitement productives sur des cultures estivales comme le tournesol, la lavande ou la luzerne. » Le colza constitue la première vraie ressource de la saison pour les abeilles, et il est en général disponible en quantité importante, sur une grande partie du territoire français. « Dans la région Hauts-de-France, le potentiel mellifère est assez bon au printemps, grâce aux plaines de colza, indique, par exemple, l’association Apiculteurs Professionnels en Pays du Nord Picardie. Les apiculteurs transhument ensuite, en général, vers les zones plus riches du sud de la région notamment pour l’acacia et le tilleul. La Champagne crayeuse est également à proximité pour ceux qui souhaitent bénéficier d’une dernière miellée sur la luzerne. »
Le Réseau Biodiversité pour les abeilles regrette cependant que les surfaces de colza aient fortement chuté au cours des cinq dernières années. Elles sont passées d’un peu plus de 1,5 million d’hectares en France en 2017-2018 à 980 000 ha en 2020-2021. Les superficies emblavées en colza sont heureusement reparties à la hausse cette année, avec 1,2 million d’hectares ensemencés selon Agreste, et comme le soleil est au rendez-vous, la floraison se déroule plutôt bien, ce qui devrait être favorable à la production de miel.
« Le colza qui attire beaucoup les abeilles, est à l’origine d’un miel mono-floral, l’un des rares en France, soulignent sur leur blog, les producteurs d’Apiculture.net. Ce produit d’une grande finesse a néanmoins du mal à porter son nom… C’est pourquoi les apiculteurs préfèrent l’appeler « miel de printemps », « miel toutes fleurs » ou encore « miel crémeux », et rarement « miel de colza ». Les apiculteurs lui reconnaissent cependant une texture douce, agréable, à granulation très fine, plutôt sucré, sans acidité, ni amertume. De couleur gris clair à blanc paille, il a la particularité de se cristalliser assez rapidement. Pour cette raison, les apiculteurs le récoltent très tôt au cours du mois de mai, dès que les champs de colza commencent à défleurir, pour éviter que le miel ne cristallise trop vite. Ils le mélangent aussi parfois à d’autres miels pour leur donner plus de finesse.
Le colza est utile pour les abeilles, mais l’inverse est aussi vrai. Une étude publiée en 2019 par l’Inrae et le CNRS, et conduite pendant quatre ans dans le département des Deux-Sèvres, a montré que la présence de ruches aux abords d’une parcelle de colza, augmente le rendement en colza, en moyenne de 15 %.