Chaque année, les graines et les jeunes plantules de tournesol sont une cible appétente pour les corbeaux et les pigeons. En attendant l’arrivée de molécules répulsives sur le marché, des alternatives existent présentant des coûts de mise en œuvre et des niveaux d’efficacité différents : pratiques agronomiques, drone, rapaces... Faites votre choix.
Les pigeons et les corbeaux restent les ravageurs numéro un des tournesols à l’implantation, du stade levée au stade une paire de feuilles. Une enquête de Terres Inovia, datant de 2020, révèle que chaque année, près d’un tiers des parcelles sont attaquées et entre 7 et 13 % nécessitent un ressemis. Un constat qui tend à s’accentuer au fil des ans.
« Il n’existe actuellement aucune solution répulsive efficace, que ce soit en traitement de semences ou en application foliaire, rappelle Flore Delsarte responsable traitements de semences. Mais chez Corteva, plusieurs projets sont en cours d’étude, fruits de solides investissements au niveau de la recherche. Bien sûr, des bonnes pratiques agronomiques peuvent être mises en place mais cela ne suffit pas toujours. » Parmi celles-ci, citons par exemple la nécessité d’assurer une levée rapide et homogène des tournesols. Une bonne vigueur au départ permet en effet aux jeunes plantules de passer plus rapidement le cap des stades à risque. Comment faire ? « Choix de la date de semis, du profil de la variété, du traitement de semences, rappuie du semis et semis pas trop superficiel, poursuit-elle. Dans la mesure du possible, l’objectif est aussi de semer en même temps que les voisins pour que tous les tournesols lèvent en même temps et diluent ainsi le risque. »
Si ces pratiques culturales ne sont pas suffisantes, alors il convient d’activer d’autres leviers. Parmi eux : assurer une présence humaine dans les parcelles pour effrayer les oiseaux, installer des effaroucheurs visuels ou sonores... Attention dans ce cas à bien respecter la réglementation notamment lors de la mise en place de canons près des habitations : des créneaux horaires et des cadences de tir doivent être respectés.
Depuis quelques années, de nouvelles solutions voient le jour. Parmi elles, le recours à des drones, plus ou moins évolués. Les plus simples permettent de surveiller les parcelles, de repérer les populations d’oiseaux et les zones les plus touchées. « Il existe également des drones effaroucheurs avec des têtes de rapaces et d’autres, capables de reproduire le vol et le comportement d’un rapace, précise Flore Delsarte. Principal atout de ces engins : moins de phénomène d’accoutumance, pas de nuisance sonore pour les riverains, une surveillance efficace des zones difficiles, sur une grande surface. Certains appareils diffusent même des ultrasons, des lumières ou des cris de rapaces. Bien sûr, le prix peut être un frein mais certains agriculteurs réfléchissent à investir, à plusieurs, dans ce type de drone. » Se former au pilotage s’avère dès lors indispensable, tout comme le temps à consacrer à manier le drone pendant la période de risque.
Autre alternative plus confidentielle qui a prouvé son efficacité : le recours à des rapaces, prédateurs naturels des oiseaux indésirables. Cette option reste toutefois coûteuse pour une seule exploitation. Il est également indispensable de faire appel à un fauconnier professionnel et expérimenté. Lui seul saura assurer une présence de ces oiseaux aux moments opportuns pour éloigner les corbeaux et les pigeons. Car la bonne technique repose sur un harcèlement et une menace diversifiée avec différentes espèces : faucons pour survoler les parcelles et buses de Harris qui, elles, voleront plus bas pour faire sortir les oiseaux des cultures. En parallèle, les fauconniers n’hésitent pas à installer des nichoirs pour que les rapaces se créent de nouveaux habitats et ainsi participent à réguler, naturellement, les populations de corvidés et autres ravageurs du tournesol.