Même si les conditions ont été très sèches l’été dernier, les surfaces de colza ont encore augmenté en France cette année. Et fin avril, comme pour les autres cultures d’hiver, le colza semble en général plutôt bien tirer son épingle du jeu.
Malgré un été sec, les agriculteurs ont en général profité des quelques épisodes pluvieux de la fin août ou de septembre pour semer leurs colzas. Les semis se sont cependant étalés un peu plus dans le temps que les années précédentes. Dans certaines régions, et notamment le sud-est, le temps est resté très sec, et peu de colza ont pu être semés.
L’automne assez doux a été favorable à la culture et a, en général, permis aux derniers semis de se développer correctement, à l'exception de quelques parcelles assez hétérogènes un peu dans toutes les régions. Des colzas sont aussi restés dans le sec dans certains secteurs et ont dû être retournés comme en Poitou-Charentes.
Les biomasses, à l’entrée de l’hiver, se situaient plutôt dans une fourchette haute cette année. Dans les Hauts-de-France par exemple, avec un début d’hiver particulièrement doux, exceptée une vague de froid à la mi-décembre, les parcelles n’ont pas eu réellement d’arrêt de croissance et ont présenté des biomasses aériennes assez élevées. Des biomasses fortes et une montée en puissance des semis avec plantes compagnes ont permis de mieux gérer le risque grosses altises que les années précédentes.
A la sortie de l’hiver, la reprise de végétation a été un peu plus tardive que l’an dernier, de quelques jours, sauf dans certaines régions comme le Grand-Est. Mais, en Lorraine, par exemple, « avec des températures qui sont restées fraîches pendant plusieurs semaines au printemps, le colza a perdu son avance », constate Terres Inovia.
Les colzas sont ensuite entrés en floraison fin mars, pour les secteurs les plus précoces, mais en général de début à mi-avril, selon les régions, avec quelques jours de décalage par rapport à 2022 et comme les années précédentes, avec des gradients de précocité sud-nord et ouest-est assez marqués.
En Pays de la Loire, les conditions climatiques du mois d’avril, alliant douceur et pluies, ont été bénéfiques au développement des colzas. La floraison a démarré tout début avril. De même, en Normandie et dans l’ouest de l’Ile-de-France, les colzas sont en fleurs depuis début à mi-avril, soit 8 à 10 jours plus tard qu’en 2022. Les colzas ont aussi fleuri avec une dizaine à une quinzaine de jours de retard par rapport à l’an dernier, dans le Sud-Ouest ou en Auvergne Rhône Alpes.
« Les larves d’altises, bien visibles en Normandie cet hiver, ont finalement provoqué moins de dégâts cette année, sauf exception », note Terres Inovia. « Malgré quelques dégâts d'altises et des éclatements de tiges dus aux charançons par endroits, l'état des colzas est globalement bon », indiquait également la chambre d'agriculture de l’Oise, mi-avril.
Après un mois de février et début mars secs, le mois de mars a été pluvieux dans la plupart des régions, sauf dans le sud et surtout le sud-est qui reste en 2023 désespérément sec. Les pluies régulières associées à des températures assez fraîches ont permis aux colzas de bien valoriser l’azote et d’éviter les fortes attaques d’insectes.
A noter que les pucerons cendrés sont arrivés assez tôt cette année, notamment dans la région Centre et le Sud de la France. Ils semblent cependant être présents pour le moment avec une intensité moins forte que d’habitude. Dans le Sud-Ouest, le charançon des siliques constitue désormais une menace potentielle pour les jeunes siliques en cours de formation sur une large majorité des parcelles. Le risque s’étendra progressivement aux autres régions.
Si, dans l’ensemble, la pression des insectes a été jusqu’à présent, un peu moins forte que d’habitude, ce n’est pas le cas du risque sclérotinia. Dans les régions où il a plu, les conditions humides pendant la floraison et au stade critique « chute des pétales » ont renforcé le risque. La menace liée à la maladie est d’autant plus importante cette année que les kits pétales réalisés révèlent très souvent la présence du champignon dans les parcelles.
Comme les autres cultures d’hiver, et en particulier le blé tendre, les colzas semblent aujourd’hui prometteurs dans la plupart des régions françaises. Une grande partie de leur cycle est déjà effectué, ce qui les rend mieux armés que les cultures de printemps pour faire face à une période de sécheresse ou des températures excessives qui pourraient maintenant se manifester d’ici à la fin du printemps ou le début de l’été.
Sur le plan européen, les perspectives sont également encourageantes pour le colza. Selon l’organisme Mars, les conditions climatiques sont actuellement globalement favorables à la culture, excepté en Espagne et dans le nord de l’Italie, en proie à un déficit hydrique important. Les rendements moyens en colza pour l’Union européenne seraient attendus en hausse de 7 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années, à 33,1 q/ha.