Sur son exploitation de 117 ha, Julien Baduraux, agriculteur à Villers-le-Rond en Meurthe-et-Moselle, est passé de trois cultures en 2004, à huit ou neuf différentes aujourd’hui. Il en a tiré de gros avantages pour contrôler les adventices, mais pas seulement. Explications.
A la reprise de l’exploitation à la suite de ses parents en 2004, la rotation était classique pour la région : colza-blé-orge d’hiver, voire colza-blé-orge de printemps. Julien avait entendu parler de problèmes de graminées résistantes. Sur la ferme, il rencontrait des petits soucis de vulpins mais qui étaient encore gérables.
C’est complètement par hasard en 2012, suite à un très gros épisode de gel au printemps qu’il a été obligé de retourner la quasi-totalité de ses blés et ses orges d’hiver. « J’ai été amené à semer du maïs en plus de l’orge de printemps. » Le maïs a vraiment permis de casser le cycle des graminées. L’année suivante, dans une parcelle où il était resté de l’orge d’hiver à côté du maïs, la culture était beaucoup plus propre sur le précédent maïs explique Julien. « C’était coupé au couteau, la pression des vulpins avait franchement baissé. C’est ainsi que j’ai touché du doigt l’intérêt de la rotation pour lutter contre les adventices. La différence s’est vue plusieurs années de suite. »
Après le maïs, Julien a semé des pois protéagineux, puis des féveroles et du tournesol. Il a aussi quelques hectares de jachères mellifères et de prairies et implante le colza avec des cultures associées et des couverts entre les cultures. Aujourd’hui, il ne cherche plus à mettre en place une rotation bien établie, il parle plutôt de successions culturales.
Les cultures de printemps lui apportent un vrai décalage de date de semis qui perturbe complètement le cycle des mauvaises herbes. Elles lui permettent aussi d’utiliser des matières actives herbicides différentes de celles des cultures d’hiver. « L’effet rotation est surtout très puissant contre les graminées. J’ai aussi vu une réduction de la pression des maladies, notamment de la mosaïque sur les orges d’hiver. »
Sur le plan économique, le blé et le colza restent les cultures avec la meilleure marge, mais le fait d’avoir diversifié l’assolement diminue le recours aux produits phytos et après une légumineuse, à l’azote. Globalement, la rentabilité de l’exploitation de Julien n’a pas été dégradée. « Il y a quelques inconvénients, j’ai du mal à faire plus de 45 qx/ha en pois par exemple, et j’ai vu arriver un peu de chiendent, de brome et de coquelicots, mais j’arrive à les détruire. J’ai trouvé un nouvel équilibre sur l’exploitation et j’ai anticipé les attentes de la société en termes de réduction des phytos et de biodiversité. »