L’impact du gel sur les céréales dépend avant tout du stade des cultures et de leur niveau d’endurcissement. Pour cette campagne, les dates de semis ayant été très variées, les conséquences sont à évaluer à la parcelle.
L’arrivée du gel peut conduire à la formation de cristaux de glace dans les cellules des céréales avec, à la clé, une rigidification des parois cellulaires, voire un éclatement. Si la chute des températures est progressive, les plantes ont le temps de s’adapter : c’est ce que les experts appellent l’endurcissement. Ce dernier s’acquiert progressivement mais atteint son maximum au milieu du tallage. Les plantes peuvent alors résister à -15°C, -20°C. La sensibilité maximale des céréales au gel se situe à la levée. Le sol, moins froid que l’air en début d’hiver, peut jouer un rôle protecteur. Mais s’il est gorgé d’eau, il peut entraîner des contraintes mécaniques et induire un déchaussement des racines. La présence de neige au moment de l’arrivée du froid peut également former un manteau protecteur.
Toutes les espèces de céréales n’affichent pas la même résistance au gel. Parmi les céréales, les orges de printemps semées à l’automne sont les plus sensibles au froid. Viennent ensuite l'avoine, le blé dur, l’orge d’hiver et le blé tendre. Le triticale et le seigle sont potentiellement les céréales les plus résistantes au gel. La résistance au froid est aussi influencée par la précocité à montaison : un critère inhérent à chaque variété. Le choix de la variété et de la date de semis doit donc viser, surtout dans les zones à risque, une acquisition rapide et la plus longue possible de la résistance au froid.
Après un ou plusieurs épisodes de gel, difficile de savoir quelles seront les conséquences sur le rendement final : défoliation, perte de talles, dépérissement complet du pied ? Les données bibliographiques notent que si une petite centaine de pieds par mètre-carré est encore en place, alors un rattrapage lors du tallage et de la montaison est souvent possible. L’évaluation des dégâts reste cependant difficile à réaliser, tant que les conditions de reprise de végétation ne sont pas franches. Une chose est sûre, si une parcelle a été touchée, l’enjeu est de limiter tout stress supplémentaire. En sortie d’hiver, par exemple, un apport d’azote, en petite quantité du fait des faibles besoins, pourra faciliter le redémarrage de la culture. À l'inverse, une intervention herbicide mal ajustée pourra entraîner une phytotoxicité très préjudiciable.