L’évaluation de la biomasse, en entrée et/ou en sortie d’hiver, est une étape incontournable dans le pilotage de la fertilisation azotée du colza au printemps. Et d’autant plus dans le contexte actuel du marché des engrais. L’une des méthodes consiste à peser soi-même les colzas. Rappel des conditions de mise en œuvre au champ, avec quelques éléments sur les situations en régions.
La pesée des colzas aide à ajuster la fertilisation azotée au printemps. (©Corteva)
Le colza est une plante qui a la capacité de mettre en réserve, dans ses organes, l’azote qu’elle a absorbé pendant l’été et l’automne, pour le réutiliser au printemps, dès la reprise de végétation. Ce qui signifie que plus la culture est développée à l’entrée de l’hiver, moins elle aura besoin d’apport d’azote au printemps. Toutefois, durant l’hiver, le colza peut connaître d’éventuelles pertes de feuilles. À savoir que 50 % de l’azote contenu dans les feuilles tombées au sol seront à nouveau disponibles au printemps pour la culture.
C’est pourquoi Il vaut mieux réaliser deux mesures, en entrée puis en sortie d’hiver, afin d’estimer au plus juste la quantité d’azote réellement présente dans les plantes, surtout dans les régions fortement exposées au gel. Ailleurs, des pesées seulement en sortie d’hiver peuvent suffire.
Pour effectuer la pesée, il est recommandé de prélever la matière verte du colza sur deux à quatre zones de 1 m² chacune, représentatives de la parcelle et loin des bordures : couper les pieds à ras, secouer les plantes en présence de gouttes d’eau sur les feuilles, retirer la terre sur les bas de tiges et enfin, peser en frais. Il suffit de multiplier le poids de biomasse obtenu (en kg/m²) par 50 (1 kg de matière verte / m² = 50 U N absorbées). Cela permet de déterminer la dose d’azote à prévoir au printemps. Pour faciliter les opérations, Terres Inovia a créé une « Réglette azote colza » qui réalise automatiquement le calcul, selon l’objectif de rendement de la parcelle. L’outil est accessible gratuitement sur leur site internet ou via l’application téléchargeable sur smartphone.
Selon les bulletins d’actualité de l'institut technique, les pesées d’entrée d’hiver présentaient des niveaux satisfaisants.
En zone Nord-Est, « les colzas présentaient de belles biomasses à l’entrée de l’hiver ». Début janvier, ils bénéficiaient d’un climat doux et humide, favorisant la minéralisation et la fourniture d’azote du sol, avec l’apparition de nouvelles feuilles et une certaine croissance. Dans les secteurs exposés à des cumuls de pluies très importants, le risque de lessivage azoté est élevé.
En Normandie et ouest Île-de-France, l’automne a été marqué par la douceur, mais aussi des périodes de froids, avec des gelées début décembre, ainsi qu’un léger déficit pluviométrique dans les régions continentales, contrairement aux départements de la Seine-Maritime, de la Manche, du Calvados et de l’Orne. Ces conditions climatiques ont conduit à des biomasses en entrée d’hiver dans la fourchette haute des estimations annuelles (en moyenne, 1,6 kg/m²). Selon les prévisions, « les pertes de biomasse pendant l’hiver pourraient être assez fréquentes ».
En Centre et ouest, le début de campagne a enregistré des dynamiques de croissances très élevées. Les causes : des températures douces, des reliquats élevés en post-récolte, une forte minéralisation des sols, des apports d’engrais avant les semis… Résultat, une moyenne des biomasses fraîches de 1,5 kg/m² selon les premières mesures réalisées début décembre sur environ 70 parcelles. Il s’agit « d’un état de croissance dans l’ensemble satisfaisant, voire très satisfaisant, à l’exception des secteurs restés dans le sec jusqu’à la fin de l’été ».
Ces moyennes peuvent camoufler une certaine variabilité des situations en termes de quantités d’azote absorbées pendant l’hiver, selon les conditions climatiques. À savoir que pour les éventuelles pertes de feuilles, le risque est plus élevé avec des colzas estimés « gros » en entrée de l’hiver.
Si ce n’est pas déjà fait, il est temps de procéder aux pesées de sortie d’hiver, afin d’établir le bilan prévisionnel de la fertilisation azotée. Les apports d’azote sont possibles dès la reprise de végétation jusqu’aux boutons séparés, selon l’état des cultures et les modalités d’application de la directive nitrates en local. Un positionnement précoce peut ainsi être justifié pour les colzas à faible croissance.