L’automne a été propice au développement de certains colzas. Dans les secteurs les plus avancés, les parcelles de colza seront plus exposées au risque d’élongation et de froid. Faut-il pour autant réguler la culture ? Terres Inovia estime qu’il faut bien repérer les colzas qui présentent le plus de risque avant d’intervenir.
Pour disposer d’un colza robuste à l’automne, capable de bien résister aux attaques d’insectes, il est désormais recommandé de le semer tôt. Cette année, les semis précoces ont souvent été réalisés dans de bonnes conditions. Les colzas ont en général bénéficié de l’humidité nécessaire pour lever rapidement, parfois trop rapidement… et dans certaines situations, les pieds sont aujourd’hui très développés. De même, des colzas qui étaient en retard, ont profité du temps plus favorable des dernières semaines, pour rattraper leur retard. Dans ces différentes situations, faut-il appliquer un régulateur de croissance ?
Le risque, avec des colzas bien développés, est de se retrouver avec des élongations de tiges qui rendent la culture plus sensible au gel brutal et aux attaques de phoma. Pour Terres Inovia, le risque d’être impacté par des dégâts de froid, même en présence d’élongation, est considéré comme moins fréquent et moins préjudiciable que le risque d’une attaque de ravageurs à l’automne. L’institut technique estime aussi que les gros colzas sont moins sensibles au froid que les petits.
Cela étant dit, le risque de gel existe. « La régulation n’est à envisager que dans les situations à risque important : en présence d’une variété sensible à l’élongation, d’une densité assez forte (plus de 50 pieds/m²) et d’une disponibilité élevée en azote (plus de 100 unités N) », précise Terres Inovia. L’institut a mis en ligne sur son site internet un outil qui estime le risque d’élongation à l’automne du colza et indique s’il y a un intérêt ou pas à appliquer un régulateur de croissance. Cette décision est donc fonction de la précocité colza, de la sensibilité de la variété à l’élongation, de la densité, de l’azote disponible et de la taille du colza. Pour ce faire, l’outil s’appuie notamment sur la date à laquelle le colza atteint le stade 6 feuilles. Plus le stade 6 feuilles est précoce, plus le risque d’élongation est important.
« L’utilisation d’un régulateur de croissance ne doit donc être envisagée qu’en dernier recours, souligne Terres Inovia. Sur des colzas déjà allongés, il ne peut, au mieux, que freiner le développement végétatif des plantes et endurcir légèrement le colza. L’efficacité maximale est obtenue en anticipant le phénomène d’élongation. Le stade d’application optimal est compris entre 6 et 8 feuilles. »
Au printemps, l’institut technique estime que le recours à une régulateur de croissance ne sera justifié qu’en cas de risque avéré de verse. Il est d’autant plus important de respecter cette règle que l’« application abusive d’un régulateur de printemps peut générer des pertes de rendement, en particulier en cas de stress hydrique, et augmenter le risque de sclérotinia », prévient Terres Inovia. Cependant, un régulateur peut éventuellement être envisagé pour contrecarrer les effets d’un excès de densité ou d’apport azoté surtout sur variétés sensibles à la verse. Il est conseillé dans ce cas, d’intervenir sur des cultures dont la reprise est engagée, c’est-à-dire pas avant le stade C2, et avant le stade D1-D2.