Le colza est l’une des toutes premières cultures à avoir permis aux agriculteurs français de bénéficier de la vente de crédits carbone issus de leur exploitation. Ce n’est pas un hasard. Des études récentes ont montré qu’il s’agissait de l’une des espèces les plus efficaces pour stocker le carbone dans le sol.
Il n’est pas surprenant que les filières qui se sont mises en place pour valoriser le stockage du carbone, comme l’initiative OleoZE de Saipol, se soient intéressées de près au colza. C’est parce qu’en tant que matière première pour la fabrication de biocarburant, le colza réduit les utilisations d’énergies fossiles et donc les émissions de CO2 dans l’atmosphère. Mais c’est aussi parce que sa culture a la particularité de stocker davantage de carbone dans le sol que d’autres espèces.
« Des observations réalisées dans le cadre du projet SoléBiom, grâce à l’outil Simeos-AMG, ont montré qu’un colza d’hiver seul, avec un rendement de 35 quintaux par hectare en limons profonds de Picardie, stocke plus de 1 600 kg de carbone par hectare dans l’humus du sol, davantage qu’un maïs ou un blé tendre d’hiver avec ses pailles », explique Anne-Sophie Perrin, chargée d’études sols et environnement chez Terres Inovia.
Le modèle AMG, du nom des trois chercheurs de l’Inrae de Laon qui en sont à l’origine, Andriulo, Mary et Guérif, permet de calculer le bilan carbone à la parcelle, c’est-à-dire d’évaluer à partir des entrées et sorties de carbone, les quantités stockées sous forme de carbone stable dans la parcelle après une culture. Le projet SoléBiom, porté par AgroTransfert en partenariat avec l’Inrae et Terres Inovia, avec le concours d’Arvalis – Institut du végétal, et bouclé en 2018, a évalué les effets sur le stockage de matières organiques à long terme et les impacts environnementaux et agronomiques, de différents systèmes de cultures qui intègrent des oléagineux et des espèces lignocellulosiques.
« Le fait que le colza restitue davantage de carbone que d’autres cultures tient surtout à la biomasse de la plante en elle-même, qui est très importante, mais aussi à la nature des résidus, précise Anne-Sophie Perrin. Les parties aériennes du colza sont fortement carbonées par rapport à l’azote qu’elles contiennent. La matière organique restituée à l’humus du sol est bien intégrée au stock de carbone. » Il faut aussi noter que plus le rendement en colza est élevé, plus la quantité de carbone stockée dans la partie humique du sol, sera importante. De même, lorsque le colza est associé à une plante compagne de la famille des légumineuses, le stockage du carbone dans le sol augmente encore. « Le couvert associé qui concernait 20 % des surfaces en colza en 2020 en France apporte environ 150 kg C/ha en plus » indique-t-elle.
Sources : Projet SoleBiom - Terres Inovia (©Terres Inovia)
La teneur en carbone organique qui augmente surtout dans l’horizon de surface limite la battance. La décomposition des résidus de culture du colza réduit la pression fongique dans le sol. Dans la rotation, le colza constitue un très bon précédent pour le blé. De plus, il casse les cycles des adventices, intéressant pour réduire la pression des mauvaises herbes. C’est aussi une plante très mellifère. « Ces différents éléments confirment l’intérêt agronomique du colza, au-delà de son intérêt pour le stockage du carbone dans les sols agricoles », souligne Anne-Sophie Perrin.