La post-levée, un atout quelle que soit la stratégie adoptée

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Une culture dont le cycle est long est particulièrement sujette au salissement. L’efficacité du désherbage est dans ce cas un facteur clef de réussite. Pour le colza, il s’agit de trouver la bonne recette, selon les conditions d’implantation, les adventices présentes, le niveau d’infestation, le potentiel de la parcelle... la post-levée sera dans tous les cas un atout.

L’option longtemps privilégiée pour le désherbage du colza consistait en un désherbage simple, à l’aveugle, en prélevée. La stratégie s’appuyait sur un unique passage de produit racinaire au spectre d’efficacité très large et avec une rémanence longue. Mais des défauts de régularité et d’efficacité sur les flores concurrentielles (gaillet, coquelicot, géranium…) sont apparus et d’autres pratiques ont vu le jour. L’idée d’intervenir de manière ciblée, en foliaire, après la levée, sur une culture bien en place, a fait son chemin.

Ce traitement peut aujourd’hui suffire, dans certains cas, sur la base d’un premier passage, au stade 2 à 4 feuilles. L’évaluation de la présence d’éventuelles relevées sur novembre-décembre permettant de décider d’un passage complémentaire pour obtenir une parcelle suffisamment propre jusqu’à la récolte.

Pour décider : évaluer le risque graminées

Pour élaborer la bonne stratégie de désherbage de son colza, le premier point est l’évaluation du risque graminées. S’il est avéré, il reste important, pour la culture en place comme pour les suivantes, d’utiliser tous les leviers disponibles : agronomie, alternance des modes d’action, intervention sur des adventices jeunes. Rien n’oblige cependant à recourir à des solutions complexes associant plusieurs molécules. Plutôt que d’opter pour un produit à spectre large, préférez une matière active qui cible les seules graminées ray-grass et vulpins (solution à base de napropamide ou de métazachlore seule) et laisse la possibilité d’intervenir ensuite sur les dicotylédones, en post-levée, selon l’infestation réelle. A propos de la prélevée, il faut cependant avoir en tête les contraintes de la pratique :

Le bon fonctionnement d’un produit racinaire dépend des conditions pédoclimatiques (taux d’argile, de matière organique, d’humidité du sol) ;
Le mulch de pailles crée un obstacle qui bloque une partie du produit ;
Certaines molécules, aussi utilisées pour les cultures de printemps comme le maïs ou la betterave, ne sont autorisées qu’une fois tous les trois ans. En cas d’usage pour le colza, la molécule n’est plus disponible avant trois ans pour une autre culture ;
En cas de trop fortes pluies après l'application, des problèmes de sélectivité peuvent survenir et obliger le colza à détoxifier. Il perd de la vigueur et est plus sensible aux dégâts d'altises.

Si le risque lié aux graminées est maîtrisé et ne requiert pas de passage en prélevée, il est possible d’opérer un désherbage à vue, en post-levée de la culture. Les progrès accomplis ces dernières années sur la gamme d’herbicides de post-levée, ciblant un panel toujours plus étendu de dicotylédones, ont en effet ouvert de nouvelles perspectives. Cette option apporte aussi plus de souplesse alors que le désherbage de prélevée expose, comme déjà dit, à certaines contraintes.

La post-levée trouve sa place dans tous les programmes

Quand les dicotylédones dominent, même si associées à de jeunes graminées, la stratégie de post-levée exclusive est donc applicable et présente bien des avantages :

Il peut être modulé en fonction de la flore présente et de son stade de développement (maîtrise des coûts de production) ;
L’efficacité est bonne même avec un sol sec ou en présence de résidus de surface ;
Le positionnement à 2-4 feuilles du colza permet un démarrage sans contrainte de la culture, gage d’une meilleure résistance face aux ravageurs précoces d’automne.

Pour résumer : une pression faible à modérée des graminées oriente le choix de la stratégie de désherbage colza vers une gestion « tout en post-levée ». Celle-ci s’appuie sur un herbicide foliaire antidicotylédones (type Mozzar/Belkar), appliqué au stade 2 à 4 feuilles, auquel il reste possible d'adjoindre un antigraminées foliaire. Le résultat final est, si besoin, garanti par un traitement de complément antidicot et antigraminées (type Ielo/Yago/Biwix), au stade « formation de la rosette », en novembre-décembre.

Le même scénario peut répondre à une pression forte de graminées, en prenant soin d’ajouter, en début d’itinéraire cultural, un traitement racinaire de prélevée qui vise ces adventices.

Un sondage réalisé sur Terre-net du 14 au 21 juin 2022 illustre le bon niveau d’adoption de la post-levée s’agissant du désherbage des colzas.

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