Alors que le prix à la tonne de l’ammonitrate reste perché aux sommets, à l’heure où se planifient les semis de colza 2022-2023, l’enjeu de la gestion de l’azote est important. Dans un contexte tendu en raison de la hausse des charges de culture, la bonne gestion des pailles de précédents est une étape primordiale pour optimiser les apports d’azote.
Faut-il récolter ses pailles ou les broyer avant le semis du colza ? Cette question agite la sphère des colzaïculteurs depuis des décennies. Mais à l’heure où les engrais azotés se vendent à prix d’or, elle prend une résonance particulière. Car si la paille laissée au champ est source de potasse et permet la formation d’humus, elle est aussi consommatrice d’azote au moment où elle est « digérée par le sol ». La mobilisation d’azote pour la dégradation des pailles, lorsqu’elle se fait aux dépens du colza, est visible dans les premiers stades de sa croissance (extrémités des feuilles rouges) : un phénomène de faim d’azote synonyme d’un rattrapage d’autant plus onéreux car l’azote consommé ne sera pas disponible pour le colza et devra être apporté sous forme d’amendement minéral (au semis), selon les arrêtés préfectoraux en vigueur, ou organique (avant le semis).
La pratique de l’export des pailles impose aussi quelques bonnes pratiques de travail mécanisé sur les parcelles pour en tirer de réels bénéfices. La concentration de la matière sur les andains favorise une levée concurrentielle (et asséchante) très localisée, à intervalles réguliers. La gestion des pertes à la récolte est donc importante. A défaut, c’est l’intervention précoce sur les repousses qui doit opérer ou, en dernier ressort, un désherbage chimique au moment opportun. Le pressage et le ramassage de la paille ne doivent pas non plus être synonymes de perte de temps, vu la nécessité de démarrer précocement les opérations de préparation du sol. Enfin, ces deux étapes peuvent être synonymes de tassement du sol. L’attention à l’état d’humidité du sol est importante et peut suggérer, le cas échéant, d’emprunter les passages de pulvérisateur.
L’export des pailles, s’il est préconisé pour optimiser les apports d’azote, l’est aussi pour favoriser une bonne levée et un bon développement du colza aux premiers stades. En effet, la présence de résidus de pailles de céréales sur la surface de semis est handicapante à plusieurs titres :
Pour résumer, selon les études menées depuis le début des années 2000, les sols nus sont ceux qui favorisent le mieux la densité de la culture du colza, tandis que le paillage, en surface ou dans les premiers centimètres, est un facteur limitant.