Étant donnée la valeur très favorable du quintal de colza, il est raisonnable de vouloir que chacune des petites billes noires oléagineuses présentes dans ses champs se retrouve dans la benne. Il s’agit donc d’aborder la moisson 2022 dans les meilleures dispositions pour déjà s’assurer qu’un maximum de graines terminera dans la trémie de la moissonneuse. Rappel des principes fondamentaux et des enjeux du respect de chacun.
En juin 2020, une synthèse technique de Terres Inovia a inspiré de nombreux articles sur les bonnes pratiques de récolte du colza. Il est bon d’en rappeler les conclusions, alors que se profile la moisson ! Le cumul de bonnes pratiques se traduit, en effet, par un gain de plusieurs quintaux par hectare. Pour tirer le meilleur parti de sa culture, il faut donc raisonner au-delà de la seule analyse de maturité. Si la patience est toujours requise, la technicité, l’audace et la précision vous permettront aussi d’engranger des quintaux bonus !
Mieux vaut attendre que répandre en pure perte. Avec des risques d’égrainage réduits sur les variétés actuelles, l’intérêt de la patience est évident. Un taux d’humidité à 9 % pour les grains et à 10 % pour l’ensemble des enveloppes de siliques (attendre que toutes soient brunes) sont les critères de base d’une récolte optimale.
Sans oublier un troisième taux d’humidité à relever : celui de la tige. Une fois encore, il faut savoir attendre, pour descendre sous les 20 % d’humidité et ne pas dépasser les 20 à 30 % de tiges vertes. On limite ainsi les pertes arrière liées au surnombre d’obstacles humides sur les grilles de triage.
Les caprices de la météo n'aident pas toujours à la patience. En cas d’alertes orages, il peut être judicieux de récolter ce qui peut l’être plutôt que de subir trop de dommages.
On estime à 3 q/ha le gain de récolte lié à l’emploi d’une coupe avancée. Les progrès techniques ne sont pas négligeables. La coupe avancée, tout en augmentant le débit de chantier, limite les pertes à l’avant de la coupe, liées à l’action des doigts de la vis d’alimentation. Cette option est d’autant plus importante que le taux d’humidité de la végétation est faible. Plus elle est sèche, plus elle est sensible à l’action égrainante de la coupe.
Moissonner à près de 80 cm du sol, il faut oser. Mais la fortune sourit souvent aux audacieux. Cette pratique est intéressante pour réduire autant les pertes avant que les pertes arrière. En visant en dessous des premières siliques, à environ 50 % de la hauteur de la tige, les doigts de la vis génèrent moins de pertes avant et le faible volume de paille envoyé dans le compartiment de battage limite les pertes arrière.
Un dernier conseil pour la route : la précision !
Une fois en route, les réglages doivent correspondre à la réalité de la parcelle. Vitesse d’avancement de la machine, réglage de la hauteur et de la vitesse de la vis d’alimentation, bon dosage de la ventilation. Pour chaque réglage, l’observation in situ doit permettre d’évaluer les pertes de graines et guider les corrections nécessaires. Vu le faible poids de la graine de colza, le réglage de la ventilation est aussi capital. Il se situe généralement entre 450 et 500 tours pour limiter les pertes arrière. À l’avant, pour le bon dégagement de la végétation, la vitesse de rotation de la vis doit être faible, avec une hauteur de 4 à 5 cm depuis le fond de la coupe.