Très nuisible pour le colza, le charançon de la tige se manifeste au printemps par une déformation puis un éclatement de la tige de la plante. Pour que la lutte soit efficace, il est important de repérer son arrivée dans les parcelles, et d’intervenir avant que les femelles pondent.
Ce sont les œufs du charançon de la tige du colza adulte qui sont nuisibles. Leur introduction dans la tige provoque sa déformation, voire son éclatement. (©Corteva)
Le charançon de la tige du colza (Ceutorhynchus napi) est considéré comme l'un des ravageurs les plus nuisibles du colza. Petit coléoptère noir de 3 à 4 mm de long, il peut aussi paraître gris cendré, du fait de sa pilosité. Ses attaques entraînent une déformation puis un éclatement des tiges. Les dégâts sont variables selon l’intensité de l’attaque et les conditions, mais ils peuvent conduire à des pertes de rendement très importantes, jusqu’à 40 à 50 % les années sèches et sur sols superficiels.
En fait, ce n’est pas le charançon de la tige du colza adulte qui est nuisible pour la culture, mais ses œufs. Leur introduction dans la tige provoque sa déformation, voire son éclatement. La présence des œufs perturbe l'alimentation de la plante et peut entraîner la verse de la culture et des avortements de boutons floraux. Le stress hydrique et les attaques de méligèthes peuvent aggraver les pertes de rendement.
Il ne faut pas confondre le charançon de la tige du colza avec le charançon de la tige du chou. Les deux espèces arrivent pratiquement en même temps dans les parcelles, mais seul le charançon de la tige du colza est nuisible pour la culture. Celui-ci est un peu plus gros, a un corps de forme ovale, une couleur gris cendré et le bout des pattes, noir. Le charançon de la tige du chou est recouvert de poils roux puis gris, avec une tache blanchâtre entre le thorax et l'abdomen, bien visible sur le dos. On le reconnaît aussi au brun orangé de l’extrémité de ses pattes.
Au printemps, les vols peuvent démarrer dès que les températures dépassent 9 °C et se généraliser lorsqu’elles montent à plus de 12-13 °C. Si les températures chutent, les charançons retournent s’abriter dans le sol, mais ils restent actifs tant que la température est supérieure à 6 °C.
Il est conseillé de ne pas intervenir trop tôt, pour laisser le temps aux insectes d’arriver dans la parcelle, mais pas trop tard non plus, pour que les femelles n’aient pas eu le temps de pondre. Si le vol se déclenche tôt, et que le colza est encore au repos végétatif, il est recommandé de différer l’intervention. « Pour intervenir, il faut se rapprocher du début d’élongation de la culture et de la maturité des femelles. Le risque pour la plante débute à l’apparition des premiers entre-nœuds (passage de C1 à C2) et perdure jusqu’à la fin de la montaison. » Pour l’institut technique, le positionnement du traitement se situe idéalement 8 à 10 jours après les premières arrivées significatives d’insectes dans la parcelle ou au pic du vol, avant que les femelles pondent.
Le moyen le plus efficace pour repérer l’arrivée des charançons de la tige du colza dans une parcelle est la cuvette jaune disposée au-dessus de la végétation, avec quelques gouttes de mouillant. Les insectes apparaissent en général en priorité dans les parcelles à l’abri du vent. Le Bulletin de Santé Végétale (BSV) alerte également de l’arrivée des charançons de la tige dans les différentes régions et suit l’évolution des vols.
Pour repérer la période à risque avec davantage de précisions, Terres Inovia a mis au point un modèle prédictif de la date d’arrivée des charançons de la tige du colza dans les parcelles, à partir des observations enregistrées depuis 2011, sur l’ensemble du territoire, et des relevés des stations météo. Le modèle fournit, au jour le jour, une courbe de risque de piégeage sur la commune, ainsi qu’une carte de France de l’évolution des vols. Mais comme le souligne l’institut, « les informations prédites par l’outil ne tiennent pas compte des spécificités de chaque parcelle et ne dispensent pas de la surveillance au champ ».
Nota bene : nous vous rappelons que seul un conseiller indépendant est autorisé à vous apporter tout conseil adapté à votre parcelle.