Les expérimentations « Système » mises en place par le réseau Etamines du Groupe Actura depuis cinq ans et les essais « Colza différent », implantés depuis un an avec Corteva, montrent qu’il est possible de réduire l’usage des phytos en culture de colza, tout en maintenant le rendement et les résultats économiques de l’agriculteur. Les clés : une très bonne implantation et une réflexion à chaque étape de la culture. Explications avec Anna Vocisano, chargée de mission chez Etamines.
« Nous conduisons depuis cinq ans, 52 expérimentations Système avec différents itinéraires techniques, en plus de nos 360 essais classiques produits, explique Anna Vocisano, chargée de mission chez Etamines, le réseau d’expérimentation du Groupe Actura. Ces essais portent sur toutes les cultures de la rotation, dont le colza. Ils sont implantés, en ce qui concerne le colza durable, dans quatre fermes du réseau, sur les onze présentes à l’échelle nationale, précisément celle des Hauts-de-France, d’Ile-de-France, de Basse-Normandie et d’Aquitaine-Midi-Pyrénées pour la campagne 2021-2022. »
L’objectif du réseau est d’identifier les itinéraires qui favorisent l’implantation du colza pour lui permettre de mieux répondre en cas d’impasses techniques, tout en baissant l’utilisation des produits phytosanitaires (IFT, Indice de Fréquence de Traitement), et ce, sans toucher à la marge et sans accroître le temps de travail. « Forts des résultats obtenus les premières années d’expérimentation sur colza, nous avons conclu, depuis un an, un partenariat avec Corteva, pour mettre en place des expérimentations « Colza Différent » en parallèle de nos expérimentations « Système » indique la chargée de mission.
« En plus de viser une bonne implantation, nous nous appuyons, à chaque étape de l’itinéraire cultural et dès le semis, sur des règles de décision, indique Anna Vocisano. Concrètement, nous retenons des variétés tolérantes au sclérotinia, nous semons le colza avec des plantes compagnes, nous apportons une fertilisation organique à l’automne, pour assurer une bonne implantation, nous nous appuyons, à chaque fois que c’est possible, sur des outils d’aide à la décision (OAD) et nous adaptons le désherbage aux adventices présentes. » La démarche Colza Différent est tout à fait similaire.
Dans les itinéraires expérimentations Système comme dans ceux « Colza Différent », les résultats ont été très concluants. « Avec un temps de travail identique ou inférieur, les itinéraires étudiés pour diminuer les intrants ont permis de réduire de 30 à 40 % les IFT par rapport à l’itinéraire classique de l’agriculteur, de 3 à 10 % les autres intrants, et de 18 à 20 % les charges de mécanisation, détaille la chargée de mission. Résultat, avec des rendements équivalents à ceux de l’agriculteur, la marge semi-nette s’échelonne pour les deux itinéraires adaptés, de l’équivalent à 113 % de celle de l’agriculteur, tout en ayant fortement limité les IFT. »
Pour Anna Vocisano, ces résultats montrent que « le colza durable, c’est tout à fait accessible ». « En termes de résultats, nous sommes au rendez-vous, précise-t-elle. Nous avons réussi à réduire les IFT de façon significative et les autres intrants, tout en maintenant le rendement et surtout la marge semi-nette de la culture. Ces essais montrent également que la mise en place de ces itinéraires différents n’est pas aussi compliquée que cela. » Ces expérimentations vont donner lieu à des restitutions aux équipes terrain des entreprises du réseau Actura dès ce printemps, et seront présentées dans les visites d’essais du mois de juin prochain. Une Fiche Colza reprendra les points clés des règles de décision. Ces expérimentations ont été reconduites cette année pour consolider les résultats observés.